Un appartement Art nouveau à l’accent scandinave

Les maisons de maître Art nouveau sont une particularité bien connue de l’habitat bruxellois. Au premier étage d’une magnifique demeure de 1904, Charlotte et Frédéric ont créé un appartement contemporain mettant en valeur ce patrimoine unique de la capitale.

Une envie de calme

Dans cette rue calme et arborée, la plupart des maisons sont l’œuvre d’un seul et même homme, Ernest Delune. A l’aube du siècle passé, cet architecte Art nouveau a laissé une marque indélébile dans ce quartier proche de la place Flagey. Charlotte et Frédéric habitent au premier étage d’une de ces très belles maisons de maître. Voilà cinq ans que ce jeune couple vit à Bruxelles. “Fils d’expats, j’ai grandi principalement à l’étranger”, raconte Frédéric. “Quand vous avez vécu dans une métropole comme Londres, vous vous attachez au caractère international d’une grande ville. Quand je suis rentré en Belgique pour suivre une formation de pilote et que j’ai rencontré Charlotte, nous installer à Bruxelles était une évidence. Nous avons d’abord atterri du côté de la Porte de Namur. Mais au bout de trois ans, nous avons voulu trouver un quartier plus calme pour nous poser vraiment, faire connaissance avec nos voisins,…”

Un village en pleine ville

Le couple commence donc à chercher autre chose. “Nous avons dû visiter trente appartements avant de tomber sur quelque chose qui nous plaisait vraiment”, se rappelle Charlotte. “Ici, ça a été le coup de foudre. Il y avait d’abord la maison, que nous trouvions magnifique. La partager en copropriété ne nous dérangeait pas. Ensuite, le cadre nous enchantait. Tout est tranquille et vert. Le bois de la Cambre n’est pas loin, et le centre non plus. Il y a comme une sensation de village en pleine ville. Un tel environnement, bouillonnant et interculturel, est sans doute parfait pour élever des enfants.”

Un défi architectural

L’appartement était encore habité et habitable quand ils l’ont acheté. Ils ont néanmoins désiré lui offrir une seconde jeunesse. Pour ce faire, ils ont fait appel à Magma, le bureau d’architecture hasseltois dirigé par Anne Moerman et Manu Gelders, sœur et beau-frère de Charlotte. “Nous avons été directement emballés par le projet”, nous a expliqué Manu. “Pour un architecte,  créer un appartement contemporain dans une telle maison n’est pas qu’un défi professionnel, c’est aussi du pur plaisir. Nous ne pouvions bien sûr pas toucher à la façade: elle est classée. A l’intérieur en revanche, tout était possible.”

Respect des origines

La liberté de l’exercice n’a pas empêché le duo d’architectes de faire preuve d’un grand respect pour l’existant. “L’appartement devait être fonctionnel et actuel”, poursuit Manu. “Il ne nous en fallait pas moins jouer avec la structure typique des trois pièces en enfilade. Il y avait surtout tous ces éléments d’origine – portes intérieures, parquet, moulures et cheminées – que nous voulions mettre en valeur. Peindre murs et plafonds en blanc était pour cela la meilleure solution. Une seule intervention structurelle majeure s’est imposée : opérer une ouverture entre le salon et la cuisine. Celle-ci était jadis une pièce séparée, elle fait à présent pleinement partie de l’espace de vie.”

Intermezzo

Dans l’enfilade, s’enchaînent à présent salle à manger (avec coin bureau dans la fenêtre en baie), salon et, à l’arrière, la chambre à coucher. Depuis la chambre, des marches mènent à deux étages intermédiaires. Un demi-étage plus bas, on trouve la salle de bains; un demi-étage plus haut, une pièce de rangement qui pourrait à terme devenir une seconde chambre. La séparation entre la chambre et le salon est un autre élément charnière: la paroi intègre un large volume de bois faisant office de bibliothèque d’un côté et de bureau de l’autre.

Croissance lente

Les architectes ont posé du bois partout. “C’est un multiplex de pin polonais qui nous plaisait pour son dessin flammé”, explique Charlotte. “Ça fonctionne très bien avec le vieux parquet et les moulures. L’équipe de menuisiers à laquelle nous avons fait appel (Zango) a travaillé d’arrache-pied. C’est que dans une maison centenaire, les sols et les murs sont rarement vraiment droits! Concernant le mobilier, tout ce qui est scandinave me fait craquer. La plupart de ce que vous voyez ici vient toutefois de notre ancien logement. Nous rêvons d’aménager un beau salon à l’avant, voire une terrasse intérieure. Mais c’est pour plus tard. Nous avons largement le temps.”

Pour plus d’infos au sujet de l’architecte de ce projet, visitez son site.

Source: Gael Maison août/septembre 2015 | Texte Jan De Vos | Photos Liesbet Goetschalckx