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… Amaryllis Jacobs et Kwinten Lavigne. Les propriétaires de la galerie bruxelloise Maniera ont acheté et transformé un ancien atelier de lingerie. DSCF5104BK Maniera1

“Je n’ai jamais aimé les lofts, même si c’est vrai que c’est un peu devenu un loft”, s’amuse Amaryllis Jacobs. Cet ancien atelier de confection de lingerie, c’est son compagnon Kwinten Lavigne qui l’avait déniché, en se promenant dans le quartier. “Il a vu un panneau à vendre et a sonné. Kwinten a l’art de parvenir à entrer partout. Il m’a permis de voir des choses incroyables. Or si la maison était en vente, ses locataires faisaient tout pour en freiner les visites. C’était une bande de musiciens de jazz qui avaient installé une salle de musique à l’étage. Mais comme ils se sont tout de suite bien entendus avec Kwinten, nous avons pu visiter.” C’était il y a plus de dix ans. Amaryllis et Kwinten n’avaient pas encore d’enfant et étaient loin de s’imaginer qu’ils ouvriraient un jour une galerie de design invitant des architectes et artistes de renom à créer du mobilier. Une galerie qui deviendrait vite une référence internationale.BK Maniera2

Système d en pleine lumière

Pour en revenir à cet ancien atelier textile, il était trop grand pour le couple. Mais en convaincant la sœur d’Amaryllis et une amie d’acheter les appartements situés côté rue, Kwinten et Amaryllis ont pu acquérir la maison arrière dont ils adoraient cet étage ultralumineux, avec ses rangées de fenêtres de part et d’autre et ses lanterneaux géants. Une pièce au beau cachet industriel, avec ses pavés rouges, ses plafonds de béton et son monte-charge en fonte. “Nous ne voulions rien changer à l’espace. On a même gardé les châssis en plastique, que l’on commence même à aimer”, sourit-elle. Si l’intervention d’un architecte n’était pas nécessaire, des travaux s’imposaient. Le couple a retroussé ses manches. Kwinten a pris six mois de congé et a fabriqué la cuisine, le lit, la salle de bains, les escaliers et aménagé la cour. “Rénover en couple, c’est très romantique, même si on se dispute beaucoup.” Une part des travaux devait être temporaire. Mais, comme souvent, le temporaire s’est révélé plus durable que prévu et la cuisine bricolée est toujours là plus de dix ans plus tard. Au milieu des plantes, des livres, des jeux de leur fille, des œuvres d’art et du mobilier vintage, ce genre de solutions système D révèle un charme certain. Et le tout se marie très bien avec le design en édition limitée produit par la galerie.

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Le design par hasard

“Nous avons le droit de produire un exemplaire de chaque pièce pour notre usage personnel. Et quand vous passez deux ans de votre vie à faire qu’un objet puisse voir le jour, vous développez un lien très particulier avec lui.” Une chaise dessinée par les architectes Kersten Geers et David Van Severen, un panier à pain imaginé par les Indiens du Studio Mumbai, une table basse du bureau d’architecture mexicain Productora, un tapis du créateur textile suisse Cristoph Hefti, un tabouret surréaliste imaginé par l’artiste Richard Venlet, une table sculpturale des architectes de vylder vincke & taillieu… On oscille entre architecture, art et design. “Kwinten et moi venons du monde de l’art. Mais nous avons une affection pour les artistes dont les œuvres jouent avec une dimension fonctionnelle. Ensuite, cela faisait longtemps que nous voulions travailler non seulement avec des artistes mais aussi avec des architectes au style unique, travaillant à leur manière. Nous étions convaincus que des personnes capables de créer des bâtiments conceptuels ou des œuvres très spatiales seraient également capables de créer d’excellents meubles. Le nom Maniera découle aussi du livre Maniera Moderna dédié à l’architecte, designer et artiste italien Carlo Mollino, qui, selon nous, illustre parfaitement cela.”

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Texte: Jean-Michel Leclercq. Photos: Kaatje Verschoren.

Découvrez le reportage complet dans Gael Maison 3- avril 2019!