Chalet minimaliste à Kapelle
Une nouvelle maison augure d’une nouvelle vie. Martine et Dany ont rompu avec les codes traditionnels. Adieu la division classique entre partie jour et partie nuit, adieu aussi la séparation entre espace privé et espace professionnel. D’un vieux chalet, ils ont fait une maison contemporaine où les chambres et l’atelier se répartissent autour d’un grand séjour.
Un cube dans la campagne
“C’est la parcelle qui nous a attirés ici en premier lieu”, explique Martine d’entrée de jeu. Entièrement à l’abri des regards, le terrain s’étend au bout d’une rue sans issue. Il dispose de son propre étang. Dans ce décor rural, tomber sur ce cube de bois graphique et minimaliste est pour le moins étonnant. “Nous ne vivions pas très loin d’ici, dans une maison que nous avons mis vingt ans à rénover et aménager. Elle était devenue impeccable, mais il n’y avait donc plus rien à y faire non plus. Mon mari, Dany, est chef de chantier. Je suis graphiste de formation et travaille à présent en tant qu’artiste. Nous sommes fous d’art, d’architecture et de design. Evoluer, créer, c’est une seconde nature. Nous avons commencé à regarder à gauche et à droite ce qui existait et puis sommes tombés sur ce vieux chalet et son étang isolés du monde… Il n’en a pas fallu plus pour nous motiver à nous jeter à l’eau.” Deux ans plus tard, le couple et leurs trois filles quittaient une trois façades plutôt conventionnelle pour s’installer dans cet espace coloré ouvert sur la nature.
Aventure
Un niveau, pas plus! Les prescriptions architecturales de la commune avaient le mérite d’être claires. “Nous n’avions pas vraiment besoin de plus”, explique Martine. “Nous en sommes à ce moment de la vie où deux de nos filles kotent pendant la semaine. La troisième le fera dès l’an prochain. Aux fioritures, je préfère de toute façon tout ce qui est compact et minimaliste.” Avec des idées plein la tête et, sous le bras, un recueil d’images qui les inspiraient, Martine et Dany sont allés sonner chez l’architecte Luc Binst, dont ils appréciaient le travail atypique depuis des années. “Luc Binst est quelqu’un qui pense toujours hors du cadre. C’est ce que nous recherchions.” Quelques rendez-vous plus tard, Binst leur soumettait une proposition intégrant tous leurs souhaits. La maison devait compter quatre chambres, pour que les enfants se sentent toujours les bienvenus. Martine désirait aussi disposer d’un atelier afin d’éviter des allers-retours entre son domicile et l’atelier qu’elle utilisait auparavant. Pour tout le reste, Binst avait carte blanche.
Décentralisation
Quand on pénètre aujourd’hui dans ce qui est devenu une sorte de chalet design, se déploie face à nous un grand séjour avec en son centre un îlot de cuisine. Au fond, l’atelier donne sur le jardin et l’étang. La configuration des pièces sort du schéma classique. Les chambres et la salle de bains sont placées aux quatre coins de la maison. Il en résulte une isolation thermique et acoustique naturelle, tandis que l’espace habituellement dévolu aux couloirs et cages d’escalier est rendu à l’espace de vie. C’est là le secret de cette maison intelligente: le séjour est central, entouré des pièces secondaires qui lui offrent une carapace. Visuellement, les portes des chambres se confondent avec les murs. Cette discrétion permet de ne pas rompre l’unité des lieux. Petite, la salle de bains n’en est pas moins ultra ergonomique. “Bientôt, nous vivrons ici à deux. Nous n’avions pas besoin qu’elle soit énorme.” Seul détail luxueux, la baignoire qui permet de s’allonger à deux tout en regardant le ciel à travers une lucarne de toit.
Boîtes colorées modulaires
Dans l’espace de vie principal, les fonctions sont définies de diverses manières. Entre l’atelier et le séjour, la division est subtile: le sol coulé en polyuréthane passe simplement du blanc au gris. Au plafond, des rails avec luminaires intégrés soulignent les limites de chaque ‘pièce’. Ce qui marque le plus, ce sont bien sûr les couleurs vives délimitant le coin télé et la bibliothèque. Côté petit écran, le bleu crée une alcôve dynamique en journée et apaisée en soirée. Dans le bureau bibliothèque, le jaune s’embrase au matin dès que le soleil vient caresser les murs. Enfin, par beau temps, les châssis disparaissent totalement dans les parois… Un agréable sentiment de vacances s’empare alors de la demeure. Dans cette petite perle d’architecture contemporaine, en réalité, chaque saison vaut le détour.
Source: Gael Maison février/mars 2015 | Photos Luc Roymans | Texte Karin De Ridder