Une école centenaire transformée en logements lumineux

‘Logements sociaux’:des mots qui évoquent généralement l’image d’un quartier morne et gris, peuplé de familles défavorisées. Tout le contraire de cette école centenaire, transformée en logements lumineux et ultra contemporains!

Une histoire bien remplie

Construite en différentes phases – une aile date de 1913, l’autre de 1927, l’école du Sacré-Coeur (Heilig Hartschool) peut se prévaloir d’une histoire bien remplie. Quand l’institution a quitté les lieux en 2007, les bâtiments ont été acquis par la société de logements sociaux Izegemse Bouwmaatschappij, laquelle a confié à l’architecte Lieven Dejaeghere la mission d’y aménager des habitations pour locataires à revenus modérés. “Les deux ailes principales ont été mises à nu et restaurées. Elles accueillent aujourd’hui 17 unités de logement pour un ou deux occupants”, explique l’architecte. “A l’extrémité de la plus courte des deux ailes, nous avons ajouté cinq logements plus vastes, pour des familles. L’ancienne cour de récréation a été partiellement transformée en espace vert avec, notamment, une pièce d’eau, des berges en pente et seize jeunes noyers. Les non-résidents sont également les bienvenus. Ne serait-ce que pour y prendre le soleil par une chaude journée d’été…”

A taille humaine

En arrivant sur le site, difficile de ne pas remarquer les inscriptions d’époque joliment restaurées au-dessus des deux portes principales. D’un côté: “Verdraagt, maakt anderen blij en dient” ou “Endure, rends les autres heureux et rends service”! De l’autre: “Eendracht maakt macht. Rust roest. Arbeid adelt. Kunst veredelt”, c’est-à-dire ‘L’union fait la force. Le repos fait rouiller. Le travail ennoblit. L’art rend meilleur’. “Nous voulions absolument préserver l’authenticité des lieux”, précise l’architecte. “C’est pourquoi chaque ancien local de classe a été réaffecté en une seule unité de logement. Et de la même façon qu’à l’époque, deux classes se partageaient un accès à la cour de récré, il y a à présent un accès au jardin intérieur pour deux unités d’habitation. Lors de la rénovation, nous aurions pu ajouter un niveau – le bâtiment n’était pas protégé – mais nous avons préféré ne pas le faire, par respect pour le passé. En outre, cela aurait probablement amené trop d’habitants sur le site. C’est une communauté à taille humaine, et elle doit le rester.”

Effet de serre

Les 17 unités adoptent toutes le même plan: le séjour – coin à manger d’un côté, salon de l’autre – occupe la moitié de l’espace, l’autre moitié accueillant la chambre à coucher, la salle de bains, la cuisine et une pièce de rangement. La surface de chaque unité ne dépasse pas 70 m2, mais l’on ne s’y sent pas à l’étroit. ”C’est dû, entre autres, au fait que nous n’avons pas utilisé les habituelles plaques de gyproc pour cloisonner les espaces”, souligne l’architecte. “Un fabricant de serres a réalisé et installé des cloisons vitrées sur toute la hauteur des pièces. Non seulement celles-ci délimitent visuellement les différentes fonctions, mais elle veillent également à ce que le concept originel des salles de classe reste visible et palpable. Pour la partie chambre à coucher et salle de bains, nous avons opté pour un vitrage martelé qui assure l’intimité, alors que la cuisine est délimitée par du verre transparent. Toutes ces surfaces vitrées favorisent un apport lumineux optimal.”

Intemporel

La rénovation de l’école Heilig Hart illustre à merveille comment passé et présent peuvent se fondre l’un dans l’autre dans un style intemporel. “Je n’ai pas quitté cet objectif des yeux un instant du début à la fin des travaux”, raconte Lieven Dejaeghere. “Les toitures ont été refaites, avec des tuiles identiques à celles d’origine. Idem pour les sols: à l’époque, les classes étaient recouvertes de petites mosaïques colorées, devenues inutilisables et qu’il a fallu casser. Nous les avons remplacées par des carrelages qui évoquent clairement le passé du lieu. Je ne me suis pas occupée du choix du mobilier ou des accessoires, car les habitants ont bien entendu le droit d’aménager leur logement comme ils le souhaitent. Je constate avec plaisir qu’ils le font effectivement, même si, personnellement, je trouve que ces unités fonctionnent mieux si elles ne sont pas surchargées. Comme souvent, l’adage ‘less is more’ me semble la meilleure voie à suivre.”

Source: Gael Maison édition février 2015 | Texte Jan De Vos | Photos Tim Van De Velde