Habiter durable

Plus l’espace est petit, plus le défi est grand, nous raconte Nanne Schuiveling. L’architecte d’intérieur a cherché quel pourrait être l’aménagement idéal de cet appartement alors à l’état de gros œuvre, et quels ingrédients permettraient une adaptation ultérieure aux variations de composition familiale, rendrant ainsi l’habitation viable à long terme.

Quel a été le point de départ de ce projet ?
« Les clients avaient découvert mon travail lors d’un salon et à travers un article dans un magazine. Ils se sont reconnus dans ma démarche. Nous avons cherché, ensemble et de manière intensive, quel pourrait être l’aménagement idéal de cet appartement alors à l’état de gros œuvre, et quels ingrédients permettraient une adaptation ultérieure aux variations de composition familiale, rendrant ainsi l’habitation viable à long terme. En effet, les enfants finissent toujours par quitter le nid pour ne revenir loger que brièvement. C’est pour cela qu’il faut aborder les espaces de manière souple et rationnelle. »

Y avait-il d’autres défis ?
« Il s’agit du rez-de-chaussée d’un immeuble de trois étages. Vu la hauteur des espaces, nous avons opté pour des revêtements muraux acoustiques. Puis, bien sûr, à notre époque, il faut tenir compte des exigences par rapport au climat et à l’environnement. J’ai donc parfois opté pour des matériaux recyclés, comme par exemple la tête de lit, qui est en cuir recyclé. »

Ce projet a été réalisé durant la pandémie…
« Le besoin d’une maison-refuge, dans laquelle on peut se retirer à tout moment, existait déjà avant la pandémie, mais il n’a fait que s’intensifier durant le confinement. Même chose en ce qui concerne le télétravail ! Mes clients travaillent souvent à domicile. L’association des différentes fonctions (travail, détente, cuisine, réception…) doit être équilibrée. »

Comment y veillez-vous ?
« Tout d’abord, bien sûr, en écoutant attentivement les clients. Ma force réside notamment dans le fait de relier ingénieusement les espaces entre eux, tout en préservant la sérénité. Mes clients me disent régulièrement qu’ils sont séduits pas les couleurs de mes projets. Sur base de leurs préférences, je leur propose un plan adapté. Ici, nous avons surtout travaillé avec du brun, du vert et du laiton. Autre élément qui rend ce projet intéressant : le grand nombre de portes. Dès l’entrée, on en aperçoit sept dans un espace relativement petit. Un papier peint original capte le regard, tout en apportant calme et équilibre. Nous avons trouvé le juste dosage entre accentuation et camouflage. »

En quoi cet intérieur fait-il ‘2023’ ?
« Chaque millimètre est exploité. Plus l’espace est petit, plus le défi architectural est grand. Lorsque les mètres carrés sont limités, tout n’est pas possible, mais beaucoup de choses le sont. Le défi consiste alors à continuer de chercher jusqu’à ce que tous les éléments et tous les souhaits du client trouvent une place. Je pense que, à l’avenir, on va beaucoup travailler avec des cloisons mobiles afin de pouvoir aménager et diviser les espaces de façon flexible, pour des familles recomposées ou des cohabitations par exemple. L’époque l’exige. » schuiveling.nl – @schuiveling

Photos: Jansje Klazinga Texte: Jack Meijers