Halo doré

Perchés au huitième et dernier étage d’un immeuble, ces 50 m² dégagent une impression de grandeur. La lumière y surgit et rebondit de partout, gagnant au passage des reflets doré grâce à un surprenant mobilier miroitant. Des vues magiques sur la ville viennent parfaire le tableau.

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Vous êtes montée par les escaliers ?” s’amuse Kristien alors que j’entre légèrement essoufflée dans l’appartement. Elle vit ici avec  son compagnon Michiel et leur petite Léla, âgée d’un an. Gravir les huit étages de leur immeuble demande, il est vrai, un petit effort. Mais imaginez celui qu’a représenté la rénovation des lieux. “Nous avons presque tout monté par les escaliers.” Loin d’être effrayés par un tel défi, Kristien et Michiel l’avaient même recherché car ils tenaient à tout prix à habiter un dernier étage. Avec Yatta, son bureau d’architecture, Kristien avait rénové quelques années plus tôt un duplex situé lui aussi en haut d’un immeuble et elle rêvait depuis lors d’habiter un espace similaire. “Nous avons atterri dans cet immeuble suite à une annonce pour un appartement au sixième étage. Ce n’est que sur place que nous avons appris que l’immeuble en comptait deux de plus. Nous sommes alors monté au huitième avec l’agent et lui avons demandé si quelqu’un habitait là. Il nous a répondu que non et nous avons cherché à contacter la propriétaire. La chance était avec nous : elle était prête à nous le revendre.” 

 

Perle brute

Largement ouvert et aménagé avec intelligence, l’appartement paraît bien plus grand que ses 50 m². “C’était une perle brute quand nous l’avons acheté. Il était divisé en plusieurs pièces étriquées, mais nous ne nous y sentions pas à l’étroit. Cela ne pouvait que s’améliorer en ouvrant tout, d’autant que les vues sur les différents coins de la ville étaient impressionnantes.” Les lieux allaient bientôt servir de terrain de jeu et d’expérimentation non seulement à Kristien mais aussi à Michiel, qui est ébéniste et dirige son propre atelier, Houtkultuur. Son idée la plus audacieuse ici a certainement été l’utilisation de ces panneaux miroitants au léger halo doré, venus enrober partiellement le meuble central, servant à la fois de cuisine et dressing. “Je me suis dit que cela pouvait être très beau… ou très kitsch. J’ai décidé de tenter le coup ! Le résultat est fantastique. Au matin, le soleil vient s’y refléter pour entrer dans la chambre, enrichi de ce halo particulier. Kristien et moi aimons les textures chaudes et les ambiances exotiques, c’est pour quoi nous avons choisi aussi ce placage en chêne orangé et ce plan de travail légèrement rosé, qui vient adoucir le tout.”  Ce dernier est réalisé en panneaux de polyéthylène, un matériau composite utilisé par l’industrie alimentaire et dont l’usage en cuisine semblait donc tout à fait cohérent.” 

Pas trop clean

On retrouve le même matériau en version bleu Klein dans la salle de bains. Très compacte, celle-ci est directement reliée à la chambre par une petite arche voûtée. Le couple a volontairement sacrifié un peu d’intimité au profit d’une sensation d’espace intacte. “Cela fonctionne à merveille. Quand Michiel plonge sous la douche en rentrant du travail et que je prépare le repas, nous commençons d’emblée à nous raconter nos journées. Autre avantage : nous pouvons jeter un œil sur Léla depuis chaque recoin de l’appartement.” Le revêtement du sol est une autre expérimentation réussie. “Nous sommes allés sur le Net pour chiner des lots de chutes de marbre, souvent données gratuitement. Nous les avons ensuite cassées en morceaux pour réaliser notre propre composition, autour de laquelle nous avons coulé un béton couleur sable. Ce sol n’est pas parfait et il s’use un petit peu, mais cela ne nous dérange pas dans la mesure où nous aimons ce qui est un peu brut.  Pour nous, tout ne doit pas toujours être 100 % clean, et nous avons été plus qu’agréablement surpris quand nous avons découvert, sous les faux plafonds, ces plafonds en béton bruts de décoffrage.” Le mobilier allie les trouvailles chinées et vintage aux créations maison. Quand il est entré dans l’appartement, le couple s’est contenté d’acheter un grand canapé confortable, posé comme une île au milieu du séjour. L’abondance de plantes renforce la touche exotique et tropicale. “Certaines se portent  mieux que d’autres. Le climat de la terrasse est un peu rude pour les plus fragiles.” Prolongeant naturellement le séjour, auquel elle est reliée par une large porte coulissante, la terrasse de toit s’étend sur 30 m2. En été, elle devient un véritable espace de vie… et un point d’observation idéal pour des couchers de soleil sur la ville. “Nous avons en déjà photographié des centaines, mais nous continuons à trouver cela magique. Cela nous manquera quand nous serons partis…” Car le couple a décidé de déménager avec leur fille dans une maison, située à deux cents mètres de mètres d’ici. “Ce n’est pas pour tout de suite, car il faut encore tout rénover. Mais une chose déjà est sûre : le dernière étage sera entièrement sacrifié pour être transformé en une grande terrasse.”    houtkultuur.com – yatta-architectuur.be

Texte: Jackie Oomen. Photos: Kaatje Verschoren.