Intérieur: Chaleur fraîche

Deux volumes superposés en léger décalage assument leur look contemporain, tout en lumière et ouverture. A l’intérieur, un décor minimaliste de blanc et de béton se remplit joyeusement de vie et de couleurs. Au dehors, la végétation poursuit cette œuvre de douceur. L’architecte d’intérieur Geraldine Etienne a façonné une épure des plus chaleureuses.

C’était la dernière parcelle à bâtir face à une zone naturelle non constructible en bordure de Bruxelles. Une aubaine pour Géraldine Etienne et son mari qui cherchaient un petit coin tranquille où s’installer en famille. Si l’architecte d’intérieur avait d’abord imaginé rénover, elle est tombée sous le charme de ce terrain pentu à deux pas de la forêt de Soignes. “Créer du neuf était pour moi  un nouveau défi”, se rappelle la jeune architecte d’intérieur du studio We Design. “La parfaite entente avec mon ami architecte Martin d’Alayer m’a permis de réaliser un projet contemporain mais agréable à vivre avec des enfants.” De cette collaboration fructueuse résulte une habitation aux toitures plates qui s’intègre au contexte environnant grâce à son impact minimum en hauteur. Les deux parallélépipèdes superposés semblent avoir glissé l’un par rapport à l’autre pour apporter de la légèreté au bâtiment. Ce décalage volumétrique a permis la création d’un carport intégré au bâtiment et offre en outre une belle terrasse à la suite parentale, bientôt protégée par une balustrade végétale.

Enracinement

La difficulté du projet était d’optimiser le rapport au dénivelé de plus de trois mètres entre l’avant et l’arrière de cette parcelle de huit ares. “C’était une contrainte importante mais aussi inspirante car elle a défini les lignes directrices du projet et permis d’intégrer la maison à son environnement”, explique Géraldine. “Le bâtiment donne l’impression d’un cube décalé sorti de terre”, s’amuse la jeune femme. Le dénivelé a été retravaillé de façon à aplanir l’avant de la parcelle et à offrir un dossier à l’arrière de l’édifice. Le rez-de-chaussée s’enracine littéralement dans la pente pour soutenir les terres et abriter les locaux techniques et le garage. Grâce à ce remodelage, tant les zones de vie du rez-de-chaussée que les pièces de nuit de l’étage disposent d’un accès vers l’extérieur. A l’arrière du volume haut, les bambins profitent d’un jardinet surélevé en fond de parcelle accessible de plain-pied depuis leurs chambres.

Un brin de folie

Si l’intérieur affiche des allures minimalistes à l’image de son enveloppe, il n’est pas pour autant dénué de vie et de chaleur. “Tout le projet a été dessiné et calepiné en détail, rien n’a été laissé au hasard. Je voulais toutefois apporter au lieu un peu de légèreté et de folie. Y faire entrer la vie.” Aux lignes épurées de l’architecture et du sobre mobilier intégré répondent ainsi des meubles en bois, des objets colorés et des œuvres d’art originales. Une collection de vases en opaline dialogue avec des pièces en terre cuite moulées à la main par Géraldine, passionnée de céramique. Dans la cuisine, c’est le côté chic et élégant du marbre qui contraste avec la chape lissée et les meubles unis sans poignées. Adossé derrière un long meuble central qui fait office de cloison, l’escalier en Corian offre une respiration entre les sols en béton déployés uniformément au rez et à l’étage dans un esprit loft. 

Jeux de lumière

Soulignée latéralement par des fentes lumineuses, la volée de marches blanches donne l’impression de flotter entre les pans de murs immaculés éclairés très graphiquement par la lumière zénithale de la verrière de toit. Les façades vitrées de onze mètres de long qui connectent naturellement l’intérieur et l’extérieur invitent généreusement la lumière au cœur de l’habitation. Contrastant avec le blanc omniprésent, les touches noires de la déco font écho à la teinte sombre des châssis des fenêtres. Ces grandes ouvertures sont habillées de légers voilages en lin translucide pour intimiser l’espace et filtrer les rayons du soleil. Si le projet fait la part belle à la lumière naturelle, l’attention portée à l’éclairage artificiel agit comme fil conducteur. Discrètement intégrés à l’architecture, des bandeaux Led cachés dans des gorges et des spots encastrés au sol ou au plafond créent des effets surprenants le soir venu. Les appareils d’éclairage décoratifs contribuent, quant à eux, à habiller l’espace, en noir, en blanc, ou en bois pour réchauffer l’atmosphère.

Paru dans Gael Maison 8/2019. Texte Marie Delooz photos Caroline Dethier

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