Interview : Alfredo Häberli

Concepteur de la collection ‘Taba’ (2020) pour Moroso.

Alfredo Häberli

La présentation de la collection ‘Taba’, prévue lors du Salone de Milan, a été remplacée par une vidéo de lancement en ligne.
Cette vidéo a remporté un franc succès. Le public était nombreux, vu que presque tout le monde était à la maison. J’espère cependant que, l’an prochain, nous pourrons combiner les deux, en live et en ligne. En ligne, les choses restent très abstraites, surtout pour ce qui est du confort d’assise.

‘Taba’ est très polyvalente… comme si vous saviez déjà qu’on resterait beaucoup à la maison.
En effet, c’est une collection dans l’air du temps, mais aussi très ancrée dans mon travail. Par mes créations, je veux offrir de la liberté aux utilisateurs. Ce sont des éléments sculpturaux à découvrir par soi-même et à utiliser comme on le sent. On peut s’y installer allongé ou assis, poser son café ou son portable sur la surface horizontale ou s’installer de façon à créer une interaction.

Taba

Comment cette collection est-elle née ?
J’avais en tête un concept asymétrique et poétique, qui a rapidement conduit à cette forme d’os. En voyant le mock-up, une image m’est aussitôt venue à l’esprit : celle d’un jeu traditionnel des gauchos d’Argentine (où Häberli a grandi, NDLR), dans lequel on lance à quatre ou cinq mètres un os de vache (un taba) garni de deux plaques de métal. S’il tombe du bon côté, sur la bonne plaque, on gagne. Les lignes du canapé évoquent la forme de cet os. Des lignes que seule une entreprise comme Moroso peut suivre respectueusement. Chez Moroso, ils travaillent de façon très artistique et humaine. On examine le mock-up ensemble, puis le prototype, on discute les éventuels points à améliorer et l’équipe les ajuste dans la foulée. Cela n’est possible que si l’on emploie les bons professionnels.

Taba

Est-il vrai que, chez Moroso, les designers ont de beaucoup de liberté ? C’est en effet une caractéristique de Moroso. Ron Arad, Patricia Urquiola… Nous sommes tous très différents, ce qui donne des produits très variés. Patrizia Moroso ne veut pas d’une signature reconnaissable, elle veut que nous soyons au mieux de nos possibilités. On doit bien sûr tenir compte d’autres contraintes, notamment ergonomiques et techniques, qui déterminent le cadre dans lequel s’exprime notre créativité. C’est comme cela que l’on trouve toujours de nouvelles solutions… Même si j’ai des cheveux gris, cela m’aide à rester très jeune dans ma tête (rire).

En quoi consistait votre première collaboration avec Moroso ?
Patrizia m’a découvert il y a des années à Interieur Courtrai, auquel je participais en tant que jeune talent. Et j’ai fait partie des 50 designers invités à concevoir un meuble pour les 50 ans de Moroso, ce qui a eu pour résultat le fameux fauteuil ‘Take a line for a walk’ (2003).’

Vous avez des projets en vue avec Moroso ?
Bien sûr ! Nous travaillons sur quelque chose qui devrait devenir aussi emblématique que ‘Take a line for a walk’. Reste à voir si cela se concrétisera… Mais nous faisons de notre mieux et, en tout cas, cela aura une identité forte et personnelle.

Take a line for a walk

Texta Jackie Oomen Portrait Mirjam Kluka Photos Alessandro Paderni

Cet article vous a inspiré et intéressé, et vous voulez vous abonner ? Cliquez ici !