La taxidermie fait un étonnant retour en force
Nous vous en parlions encore le mois passé : la taxidermie fait un étonnant retour en force… Ces “natures mortes” nous font osciller entre naturalisme, humour et réflexion sur le temps qui passe.
Cabinet de curiosités
Olivier et Marie décrivent ce coin de leur séjour comme un “cabinet de curiosités”. Etonner, amuser et interroger, ces animaux empaillés le font certainement. Disposés selon une composition harmonieuse en quasi triangle, ils attirent l’attention et créent l’ambiance. Si le cervidé domine le tableau, c’est le vert de la perruche en plein vol qui nous saute aux yeux. Et libre à nous ensuite de poursuivre l’observation…
Un noir structurant
A l’intérieur comme à l’extérieur, la maison joue sur le côté noir & blanc. La grande pièce à vivre est divisée en deux par ce large pan de mur peint d’un noir profond, créant une alcôve d’intimité entre les façades sud et nord largement vitrées (côté rue et côté jardin). Voyez ensuite comment le mobilier et d’autres éléments y ajoutent des nuances de noir et de gris foncé, offrant un beau relief au tableau.
Un mobilier tout en légèreté
Dans cet intérieur, notre attention oscille entre un cabinet de curiosités ludique et les parties extérieures. Pour ne pas entraver cette liberté du regard, Marie et Olivier ont opté pour un mobilier de salle à manger aux lignes fines et discrètes. Et les iconiques chaises de Charles & Ray Eames ou la table de Arco paraissent se fondre dans le noir du mur central. Le design n’est pas tape-à-l’œil ! Les luminaires vitrés (Brokis) jouent d’un effet similaire. Quant à leurs différences de hauteur, elles nous ramènent à ce côté ludique et sympathique.
Une cheminée dans une maison passive
La chaleur, mais surtout le rayonnement et la sensation d’un feu de bois demeurent des éléments de confort inégalables. Mais ce plaisir n’est-il pas interdit dans une maison passive ? Cette maison nous prouve que non ! Semblant reposer sur la pierre ou le béton, la cheminée est en réalité posée sur une structure en bois, creuse et légère, enduite de mortex. La teinte choisie est une teinte présente dans la grande toile du séjour.
Taxidermie, la vie arrêtée
Les animaux empaillés sont soudain devenus – ou redevenus – photogéniques ! Et ils font leur retour en masse dans nos intérieurs. Des livres sur le sujet se devaient d’arriver sur nos étals, la question était de savoir quand. Racine ouvre le bal avec Wonders Are Collectible du taxidermiste Jeroen Lemaitre, dont la boutique ‘Animaux Speciaux’ à Louvain est devenue une vraie référence. Nos attentes sont satisfaites : on passe du beau au drôle, de l’intéressant au presque choquant. L’intérêt du livre se situe néanmoins également dans les histoires qu’il raconte : la naissance de la taxidermie, ses diverses techniques, ses grands collectionneurs ou encore les plus célèbres des animaux empaillés… Connaissiez-vous le corbeau de Charles Dickens ? Saviez-vous qu’Alfred Hitchcock était dingue de taxidermie ?
L’ouvrage déborde d’humour et oscille sans cesse entre histoire, histoire de l’art, économie, biologie, infos pratiques (adresses) et réflexions critiques. “L’engouement actuel pour la taxidermie s’explique, du moins en partie, tant par une certaine nostalgie que par nos perspectives d’avenir. Dans cette optique, les animaux empaillés deviennent au XXIe siècle une sorte d’arche de Noé de salon : un best of préapocalyptique de beautés naturelles, sauvées pour la postérité”, explique Lemaitre. Un thème fascinant en tout cas.
Wonders Are Collectible – Taxidermy, tranquil beauty, Jeroen Lemaitre et Thijs Demeulemeester, Racine, 34,99 €, en anglais ou néerlandais.
Texte Jean-Michel Leclercq en Leen Creve | Photos Laurent Brandajs | Stylisme Nathalie Horion