Latine attitude

Des escaliers aux airs de clavier de piano, un hamac dans le séjour ou une cuisine se prolongeant en terrasse de toit… Fabiana Toni et Rocco Reukema, couple d’architectes italiens amarrés à Rotterdam, n’ont pas hésité à se faire plaisir en aménageant ce triplex de 165 m2.  Une maison aux milles astuces, entre confort actuel et clins d’œil au passé.

Moderne avec un respect pour l’histoire, c’est ainsi que Fabiana Toni et Rocco Reukema, deux architectes italiens exilés à Rotterdam, décrivent l’esprit du triplex familial qu’ils partagent avec leurs deux fils. “Nous avons visé l’harmonie entre espace de vie contemporain et préservation des détails anciens.” L’immeuble faisait partie de toute une série de logements mis en vente à un prix avantageux par la municipalité. Le couple avait déjà marqué son intérêt pour deux autres maisons quand ils sont tombés sur celle-ci. “Elle avait le grand avantage d’être livrée Casco, ce qui nous laissait une plus grande latitude pour marquer le projet de notre empreinte. Créer quelque chose qui nous convenait vraiment était plus simple que de devoir le chercher dans ce qui existait déjà”, explique Rocco.

Casa Rosa

La Casa Rosa est le nom que le couple a donné à la chambre d’hôte qu’il ont aménagée chez eux. Celle-ci est destinée aux touristes, mais aussi à leurs proches. La mère de Fabiana y réside régulièrement quand elle leur rend visite. C’est dans cette petite unité séparée que les travaux ont été terminés en premier. C’était en 2009, époque où Fabiana est tombée enceinte. “Ma mère est alors venue d’Italie pour nous filer un coup de main. C’était un peu l’aventure. Elle devait dormir au beau milieu du chantier. Elle a même passé une nuit sous la volée d’escalier. Pendant un temps, nous nous sommes même tous entassés dans le B&B. La veille de l’accouchement, j’étais encore occupée à poncer le plancher.”

Pièce maîtresse

L’élément le plus marquant de la maison est probablement son escalier. Il est d’autant plus marquant que le couple s’est débarrassé des murs qui le bordaient pour assurer une meilleure circulation
et davantage de luminosité. Une solution fonctionnelle et esthétique à la fois. La petite “touche” qui séduit d’emblée, ce sont ces poutres de bois foncé, rescapées du port maritime, posées sur les larges marches de bois clair et qui donnent à l’ensemble des airs de piano. Ensuite, l’imposante pièce de bois agit comme facteur de lien entre les étages
et offre des rangements à foison. Portes et tiroirs dissimulent en effet aussi bien les jouets des enfants qu’un véritable atelier à outils. Même la salle de bains des enfants a été intégrée à l’escalier.”

Toit de verre

Les vieilles maisons de ville néerlandaises souffrent souvent, de par leur hauteur, d’un cruel manque de lumière. Rien n’est moins vrai ici. “Nous voulions pouvoir entrer chez nous et être directement happés par la lumière et la sensation d’espace.” Pour parvenir à l’effet désiré, le couple a posé un pan de toiture de verre au-dessus des volées d’escalier. “Encore une autre aventure”, se souvient Rocco. “Une aventure bien préparée, toutefois ! Nous avions loué une grue pour amener l’énorme châssis. Pour réduire les coûts, nous tenions cependant à nous charger de la pose. C’était un peu acrobatique, d’autant que j’avais fait une lourde chute trois jours auparavant et venais de passer plusieurs nuits sans dormir. Mais au final, tout s’est bien passé.” Il en va ainsi de tout le projet à vrai dire. “Certes, les travaux ont duré plus longtemps que prévu mais cela valait vraiment le coup. Parfois, je regrette même tous ces mois où nous vivions au beau milieu des outils et de la poussière.”

Suspendus

Ces temps héroïques semblent aujourd’hui bien révolus. La petite famille est, rassurez-vous, loin de s’en plaindre. Un esprit léger et aéré plane d’un étage à l’autre. C’est d’ailleurs tout en haut que Fabiana se sent le mieux, là où la cuisine mansardée se prolonge en terrasse de toit. “Dès que le temps le permet, on débute la journée par un petit-déjeuner en plein air.”

Source: Gael Maison 2016 | Photos Jansje Klazinga | Texte Holly Marder