Le passif, c’est quoi?
Depuis le 1er janvier 2015, toute nouvelle construction à Bruxelles doit ‘tendre’ vers le standard passif. Une première! En Wallonie et en Flandre, les choses s’organisent (plus) lentement pour satisfaire, à l’horizon 2020, l’exigence européenne de viser un bâti ‘zéro énergie’. Eclaircissements.
Le passif
Ce standard définit des bâtiments (logements ou bureaux) parfaitement isolés et étanches à l’air, dont les besoins de chauffage, pour conserver une température constante de 20°C, sont limités à 15 kWh/(m2.an). Cela correspond environ à 1,5 l de mazout ou 3 kg de pellets à bois par m2 et par an. C’est très peu!
PEB, basse énergie
Depuis quelques années, tout logement (neuf ou ancien) ne peut être loué ou mis en vente qu’assorti d’un certificat PEB attestant de sa consommation énergétique (théorique). Les catégories vont de G à A. Le bâti ancien est souvent étiqueté F ou G (consommation supérieure à 330, voire 450 kwh/m2.an). Communément, on parle de maison basse énergie en dessous de 60 ou 50 kWh/(m2.an) (catégorie A). Contrairement au passif (catégorie A++), il n’existe toutefois pas de certification et le mot “basse énergie” peut recouvrir des réalités très diverses. Mais tout, dans ce domaine, évolue très vite (qualité des isolants, des vitres, maîtrise des techniques…): le basse énergie d’il y a cinq ans n’est pas celui d’aujourd’hui.
La mesure, décidée en 2012, avait surpris beaucoup de monde. Bruxelles serait la première ville à imposer le passif dès 2015. Depuis, si le projet a été légèrement amendé (voir plus loin), l’aventure a démarré. Il devait en être de même en Wallonie dès 2018, mais les choses semblent là se compliquer.
La Plateforme Maison Passive promeut le standard passif, établit les certifications et organise des formations pour professionnels. Benoît Quevrin, son coordinateur, a répondu pour nous à quelques questions.
Le passif est donc imposé à Bruxelles?
« Plus exactement, c’est la norme PEB 2015, inspirée du passif. Il y a eu une concertation avec le secteur pour arriver à quelque chose d’accessible à tous. Le but est de viser ces 15 kWh/(m2.an), mais dans un bâtiment qui ne reçoit pas de soleil, on ne va pas mettre 80 cm d’isolant pour y arriver! Dans un contexte urbain, on ne fait pas tout ce qu’on veut. Il s’agit de prouver qu’on a fait de son mieux. »
Les professionnels l’ont facilement accepté?
« Ça a fait peur à tout le monde. Mais nous avons de bons entrepreneurs et architectes. Ils ont compris que l’effort à faire en plus n’était pas insurmontable. De plus, en favorisant financièrement les ‘bâtiments exemplaires’, la Région a créé depuis des années une émulation dans le secteur. »
Et les rénovations?
« Quand la rénovation est conséquente, elle est assimilée à du neuf et doit aussi viser – de façon assouplie – cette performance des 15kWh… quand c’est possible. Notre Plateforme va d’ailleurs lancer une certification ‘rénovation ambitieuse’, attestant que le maximum a été fait dans un projet. »
Qu’en est-il en Wallonie?
« Il y avait une ambition politique de passer au passif en 2018, mais le gouvernement a changé et il se passe qu’une partie du secteur fait tout pour ralentir le processus, arguant que ce serait trop cher. Heureusement, tout le monde ne partage pas cet avis: des milliers de m2 ont déjà été construits. »
La Flandre ne l’a pas imposé non plus…
« Non, mais ils sont plus ambitieux dans les jalons qu’ils posent pour satisfaire, d’ici 2020, l’exigence européenne de Nearly Zero Energy Building. Notons toutefois que cette exigence européenne laisse à chaque Région le soin d’évaluer ce qu’est ce ‘presque zéro énergie’. Une Région pourrait décider que cela se situe trois, quatre ou cinq fois au-dessus de la consommation d’une maison passive. Quoi qu’il advienne, la Plateforme compte bien veiller à ce que la construction évolue de manière durable et ambitieuse. »
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Source: Gael Maison février/mars 2015 | Texte Leen Creve | Photos 1. Yannick Milpas | 2. Peter Schoemans et Siska Loraine (stylisme) | 3. Sarah Van Hove