Les sixties rencontrent l’année 2016 à Bruxelles
Prenez quelques ingrédients intemporels du design des sixties, pimentez d’accessoires actuels, d’une cuisine pastel et servez le tout dans un espace ouvert, juste en dehors de la ville. Respirez…Et profitez!
Amour fraternel
Quelques kilomètres suffisent pour échapper à la foule bruxelloise et atterrir au calme. Nous voici à Meise, où l’architecte Anne Goossens a réalisé une grande maison de 240 m2 sur deux niveaux, pour sa soeur et son compagnon. Généralement, Anne ne s’occupe pas de maisons particulières, mais sa famille méritait bien une petite exception! L’espace intérieur découle directement du terrain en dénivelé et des contraintes urbanistiques (façade à rue de maximum 6,50 m, hauteur limitée de l’étage…). L’architecte a veillé à équilibrer les volumes afin de composer un écrin pour les meubles et objets chinés par les habitants, de vrais fans de la décoration des années 1960. Le premier plateau accueille une grande pièce conviviale qui regroupe la cuisine, le coin repas et le salon. L’étage est partagé entre quatre chambres, un dressing et deux salles de bains. Après avoir planté ce décor, Anne a passé la main à une autre architecte, Sofie De Clercq, qui a aménagé les rangements et finalisé l’intérieur.
Une cuisine ludique et très sixties
“Pour leur cuisine, les propriétaires souhaitaient un aménagement léger, tranchant avec les modèles monolithiques des cuisinistes. Ils ne voulaient pas non plus voir tous les appareils électroménagers apparents.” En somme, une cuisine ne ressemblant pas à une cuisine… Sofie a alors dessiné cette cuisine ‘arc-en-ciel’, réalisée sur mesure par un menuisier. Pour éviter l’effet bloc des rangements, elle a joué sur les matériaux en combinant un motif bois avec des couleurs douces unies, trois teintes pastel et le blanc, qui se fondent dans l’espace. Pour accentuer le côté aérien de la composition géométrique de ces caissons (en batipin et multiplex recouvert de laminé), Sofie a remplacé les poignées classiques par de simples perforations et les meubles bas ont été posés sans plinthe. Seules les armoires camouflant le réfrigérateur et le lave-vaisselle, qui nécessitait un socle, ont été munies d’une poignée. Mais celles-ci reprennent le principe du multiplex perforé et participent au dessin graphique de l’ensemble. Tous les objets et machines inesthétiques sont stockés dans l’arrière-cuisine, une pièce cloisonnée et mitoyenne, à l’abri des regards.
Murs et sols en continu
Au rez, les pièces s’enchaînent sans porte ni cloison. Les meubles font office de séparation et matérialisent les fonctions de chaque espace. Tout l’espace est recouvert d’un béton architectonique de 10 cm d’épaisseur. Une différence de niveaux de quelques marches (due au terrain) a été mise à profit pour créer une séparation entre le coin repas et le salon. A cet endroit, on a aussi créé un bureau avec un grand plan de travail… en béton! Au premier, le sol est nappé d’une résine polyuréthane blanche sans joint et parfaitement imperméable. Celle-ci offre une agréable sensation d’espace, renforcée par le fait que les rangements épousent les murs. Les salles de bains, également immaculées, ont été aménagées selon le même principe. Autour de la douche et la baignoire, les murs aussi ont été tapissés de polyuréthane pour mieux les protéger de l’humidité tandis que les autres parties sont simplement recouvertes de peinture. Une porte coulissante cloisonne ponctuellement l’espace sans briser les perspectives. L’épure met parfaitement en valeur les éléments de mobilier qui ponctuent l’espace ça et là. La carte jouée est résolument vintage, et l’on reconnaît de nombreuses pièces iconiques des années 1950 à 1970. Un clin d’œil réjouissant à la création internationale des Trente Glorieuses.
Source: Gael Maison édition mars 2016 | Photos Luc Roymans | Texte Agnès Zamboni