Maison contemporaine à Tournai

En bordure de ville, la maison contemporaine de l’architecte tournaisien Jean-François Westrade se dresse sur la dernière parcelle à bâtir avant une zone verte. En décor de fond, l’Escaut et ses bateaux. Un environnement qui influence incontestablement l’architecture et son implantation.

Un défi architectural

Au départ, il y a la recherche d’un lien. Le lien subtil entre les éléments en présence. Le bardage en bois et les toits plats de la maison assurent la transition entre la zone d’habitat peuplée de petites bicoques en briques et la zone verte prolongée d’industries au-delà du cours d’eau. L’imposant volume déploie ses ailes sur un vaste terrain tourné vers les champs et les bois environnants. Ouvertures et transparence se partagent la vedette. “L’idée était de concevoir des ailes distinctes qui créent des cadrages différents sur le jardin”, explique l’architecte.

Points de vue

Les fonctions principales de l’habitation prennent leurs quartiers dans les deux branches du L dont l’angle (obtus plutôt que droit) offre une ouverture généreuse vers le paysage. La construction a précisément été implantée en fonction des vues et des ouvertures possibles, ce qui donne de belles échappées en perspective. L’angle de 100° permet d’orienter le point de vue vers des éléments choisis de l’environnement. “Ce décalage d’angle m’a par exemple permis d’axer la vue vers un bois de feuillus plutôt que vers la ferme du voisin. De plus, nous profitons plus longtemps de la lumière du soleil en été, précise le propriétaire et maître d’oeuvre. En somme, rien n’est laissé au hasard. Tout est mis en oeuvre pour profiter au mieux du cadre environnant. A chaque étage, dans chaque pièce, des cadrages spécifiques permettent de jouir de points de vue variés vers l’extérieur. Tandis que les larges baies ouvrent le regard vers le paysage et baignent l’espace de lumière, les percées plus étroites, en créant une perspective ponctuelle, permettent de cibler un élément précis, mis en valeur comme dans un tableau. Et cette fascinante transparence! Lorsque dans un même volume, deux pans de murs opposés entièrement vitrés donnent l’illusion que l’extérieur se projette à l’intérieur, ou vice versa, en créant un espace entièrement traversant.

Noyau central

Telle une charnière entre les différentes ailes de l’habitation, l’escalier s’implante à la rencontre des deux axes. L’entrée propose une forme trapézoïdale qui ouvre l’espace vers la vue et le jardin. D’emblée, le regard est attiré par l’ouverture et la lumière. “L’escalier est le noyau qui articule le projet”, raconte son concepteur, “l’ouverture en trapèze de l’entrée est reprise par le banc et la première marche.” Tous les éléments forts du projet sont en présence: le blanc qui domine et illumine l’espace, les percées qui dirigent le regard et offrent des vues variées, le bois au sol qui réchauffe l’atmosphère, la fluidité de l’espace et le soin des détails. Un travail de précision qui se ressent dans le traitement des façades, imaginées sur base d’une trame qui permet de moduler les étages par rapport au rez-de-chaussée.

Lignes épurées

Fluidité et discrétion obligent, vous ne trouverez point de portes traditionnelles dans le logement de Jean-François Westrade. Adepte d’un certain minimalisme où chaque chose s’intègre subtilement à l’espace, l’architecte a opté pour des portes intérieures sans chambranles, pivotantes ou coulissantes, réalisées sur mesure. Ces panneaux blancs allant du sol au plafond apparaissent plutôt comme des pans de murs ou de mobilier amovibles, tels de réels éléments architecturaux qui modulent et définissent l’espace. Seules les poignées discrètement intégrées trahissent leur fonction. Invisibles une fois blottis dans la paroi murale, ou semblables à une porte d’armoire dans l’enfilade d’un dressing, ces objets design à part entière contribuent à la sérénité du lieu et offrent de surcroît une belle flexibilité. La circulation fluide et l’unité des matériaux donnent au projet sa cohérence et son cachet. Une personnalité tout en perspectives.

Source: Gael Maison édition mars 2016 | Texte Marie Delooz | Photos Laurent Brandajs | Stylisme Nathalie Horion