Maison ultramoderne en bordure de canal

Au départ, il y avait une maison à l’aspect plutôt lugubre, souffrant d’une rénovation maladroite des années 1970. Après transformation, la voici muée en palais ultramoderne au bord de l’eau. Totalement méconnaissable.

Le long des canaux

“Des murs bruns, un plafond noir, un sol couvert d’un horrible marmoleum et des finitions en panneaux Isorel: voilà à quoi ressemblait la maison il n’y a pas si longtemps”, se souvient Govert. “Tout y était sombre et lugubre, vaguement chauffé par de pauvres poêle à gaz,” poursuit Agaath, sa compagne. “Mais le potentiel des lieux, nous l’avons vu de suite. Nous vivions à l’époque dans un quartier excentré et nous voulions retrouver l’agitation et l’excitation du centre-ville. Et plus précisément de ce quartier.”

Situé au bord du Prinsengracht, l’immeuble abritait autrefois la boutique d’un maréchal ferrant. Puis, c’est un marchand de thé qui s’y est installé. Quand on y entre, la première chose qui marque, c’est cet étrange hall d’entrée oblique ! Il faut en chercher la cause dans le système cadastral d’Amsterdam au XVIIe siècle. Les parcelles constructibles étaient déterminées sur base des anciennes parcelles agricoles, mais celles-ci étaient souvent traversées de biais par les différents canaux.

Hommage à l’écrivain

C’est à une fondation qu’Agaath et Govert ont racheté la maison en 2010. Celle-ci en avait hérité de l’ancienne propriétaire, qui était écrivain. “Ses instructions étaient claires: la maison ne pouvait pas être vendue à n’importe qui. Visiblement, notre profil était le bon.” Le couple a voulu rendre hommage à l’artiste en baptisant leur petit bateau du nom des deux personnages principaux de son oeuvre: ‘Pim & Pom’, deux petits chats! Pour en revenir à la rénovation, elle ne s’est pas faite sans mal. “Nous savions dès avant l’achat qu’il faudrait creuser de nouvelles fondations. Il nous fallait un architecte maîtrisant ce type d’intervention, vivant idéalement à Amsterdam, histoire de pouvoir venir facilement surveiller le chantier. Nous nous sommes tournés vers Arjen Bloem, du bureau Bloem&Lemstra. En élaborant les plans avec lui, nous avons eu l’idée de creuser les caves plus en profondeur afin de les transformer en espace de vie. C’est ainsi que nous avons excavé 270 mètres cubes de terre… et fait passer la surface habitable de 145 à 200 m2”, explique Govert. Et Agaath de reprendre: “Cela nous a également permis d’avancer sur base de demi-étages, et d’aménager cette cuisine avec vue sur l’eau.” La maison s’articule ainsi à présent sur cinq niveaux distincts. Une zone nuit occupe le sous-terrain. Le couple y a installé sa propre chambre, une salle de bains et la chambre de Roos, leur fille née l’an passé. Le rez est occupé par le hall d’entrée et le salon. La cuisine est à l’entresol, la salle à manger au premier niveau. Un étage plus haut, là où se trouvait l’ancienne habitation, le couple a aménagé une chambre d’amis. Ces niveaux sont reliés entre eux par un escalier métallique, tandis qu’une vieille armoire en bois unifie visuellement les différents espaces. “Il y a peu de portes. Nous nous entendons d’une pièce à l’autre. Ce qui participe, à nos yeux, à l’effet maison de famille que nous recherchions.”

Bon voisinage

Cette convivialité vaut aussi pour le voisinage. “C’est ce qui nous a incités à venir ici. Tout le monde connaît tout le monde. Et avec ses nombreux logements sociaux, le quartier est très mélangé. Chaque famille jouit toutefois de son intimité. Et pendant la véritable aventure humaine qu’a constitué la rénovation, nous avons vraiment pu compter sur le soutien des voisins.”Et Goverts de conclure: “Une anecdote me revient. C’était au début des travaux, l’hiver était très rude. Même le canal était gelé. Le chantier était entièrement ouvert. Nous étions en vacances en Afrique du Sud quand notre voisin du dessus nous a téléphoné pour dire qu’il ne pouvait pas se doucher. La conduite d’eau avait gelé! C’est finalement le voisin d’à côté qui s’est dévoué et qui a réglé le tout avec un poêle et… un sèche-cheveux!”

Source Gael Maison mars 2016  | Photos Jansje Klazinga | Production & stylisme Rob Jansen | Texte Erik Paul Jager