Pott Couleurs
Lex Pott se voit comme un caméléon. Que ce soit pour les galeries de design ou la grande distribution, le créateur s’adapte toujours au contexte.Dans la maison qu’il partage avec sa compagne et leurs enfants, il n’a d’ailleurs pas eu peur de nous en faire voir de toutes les couleurs.
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Difficile aujourd’hui de croire qu’à ses débuts, Lex Pott n’usait pratiquement pas de la couleur. “Depuis, j’ai découvert le bouton de volume et j’ai appris à m’en servir”, s’amuse-t-il. “Le bois et la pierre me fascinaient. Je laissais leurs teintes au naturel. Puis j’ai commencé à expérimenter les procédés d’oxydation et la manière dont ils modifiaient l’aspect des matériaux. Polissez du cuivre, il deviendra brun doré. Sur un toit d’église pourtant, il virera au vert. À partir de là, j’ai continué à explorer le sujet.” Pott a étudié les grands peintres et cherché à comprendre pourquoi leurs toiles étaient restées si belles et comment leurs pigments étaient fabriqués.

Il a étudié le statut social associé à certaines teintes. “Le bleu et le pourpre nécessitaient les pigments les plus chers. Seuls les rois et le clergé pouvaient se les offrir ! Ce n’est qu’à partir de la révolution industrielle que les pigments synthétiques sont apparus et ont été peu à peu accessibles à tous. La couleur n’étant plus une marque élitaire ou liée à un matériau, je la vois comme une manière de raconter mes propres histoires ou d’atteindre tel ou tel public. Certains clients me demandent d’être prudent en la matière. Mais auprès d’autres labels ou chez moi, je m’en donne à cœur joie. Je trouve toujours amusant d’entendre que telle ou telle chose serait trop colorée. Si vous traversez un champ de fleurs bigarrées, irez-vous vous plaindre et dire que toutes ces couleurs vous dérangent ? Tout est une question d’harmonie et d’équilibre.”

Entre Hema et Elton John
Le designer avance sans préjugés. Il peut dessiner une table en édition limitée pour une galerie cossue, créer une bougie pour Bolsius ou des accessoires pour Hema. “Nous avons vendu une table en pierre à Elton John. C’était chouette, mais ce type d’objet n’est pas à la portée de tous. En travaillant pour le grand public, je cherche à rendre le design accessible et compréhensible par le plus grand nombre.” À ses yeux, façonner un intérieur est un processus évolutif. Avec leurs fils Otto et Midas, Lex et sa compagne Willemijn habitent depuis dans cette maison des années 1930 au nord de Rotterdam. Lors de notre visite, Lex a insisté combien ce que nous voyions n’était qu’un instantané. “Je n’ai jamais compris les gens qui aménageaient une maison en une fois, avec des nouveaux meubles, une nouvelle cuisine, des peintures, etc. Selon moi, un intérieur est une lente construction. Car on voyage, on fait des rencontres et on collectionne des objets auxquels on s’attache. Les plus laids pourraient même être ceux que l’on emmène en cas d’incendie !” Dans cette maison, les travaux ne sont pas pour tout de suite. “Les précédents propriétaires l’avaient déjà rénovée en partie, mais sans lui faire perdre son charme de vieille maison. C’est une toile blanche sur laquelle nous avons pu exprimer notre identité avec une explosion de couleurs, de meubles et d’accessoires.”

Bougie “virale”
Le décor que nous traversons est inclassable. Les designs de Lex Pott cohabitent avec ceux de ses amis designers et d’autres créateurs que Willemijn et lui admirent. Parfois, ils se les sont échangés. Impossible pour le couple de se cantonner à un style. “D’un côté, mon propre travail part dans tous les sens. En cela, je suis un caméléon. De l’autre, définir un cadre trop précis empêche tout coup de folie. Pour son anniversaire, j’ai offert à Willemijn un cornet de glace géant. J’entends encore le vendeur me souhaiter bonne chance avec mon commerce de glace. Je n’y avais pas pensé, mais c’est vrai : qui achète une telle sculpture pour chez lui ? C’est pareil avec ce ballon de basket qui sourit : c’est un objet de tous les jours, mais franchement décalé.” Lex Pott aborde son métier de la même manière. Présentée une semaine avant le confinement, sa bougie-bougeoir ‘Twist’ est pour ainsi dire devenue “virale” sur les réseaux sociaux et les demandes n’ont pas tardé à affluer. Alors que tout fermait et était annulé, Lex a transformé son atelier (voir en fin d’article, NDLR) en une fabrique de bougies. “Je reste un grand passionné des matériaux et je cherche toujours leur point de bascule. Avec la cire, il y a ce moment entre l’état liquide et l’état solide où vous pouvez la modeler et la sculpter. J’ai dû investir pas mal et m’investir beaucoup pour lancer cette production, mais cela en valait la peine. Surtout en cette période particulière.” Au pic des commandes, Lex et son équipe moulaient quelque 400 bougies par jour. 10 000 bougies plus tard, il a eu envie de se lancer dans d’autres projets et a revendu le concept à un fabricant américain. “Après une telle euphorie, présenter de nouveaux objets a quelque chose de frustrant. Je me dis parfois que tel ou tel design va à nouveau faire le tour du monde, puis je reçois une petite vingtaine de likes. Cela ne me démotive pas. Il demeure tant d’objets sur lesquels j’ai envie de porter un autre regard.” lexpott.nl