Produits artisanaux : Prendre le temps

Vous êtes-vous déjà demandé combien d’heures de travail représente la fabrication artisanale d’une lampe, d’un vase, d’un tapis ? La réponse de deux artisans-créateurs.

# Core signé Willem van Hooff

3 semaines

Aussi enfantin que ce vase puisse paraître, il a fallu à Willem van Hooff trois semaines pour le réaliser. Ce créateur, diplômé de la Design Academy Eindhoven en 2018, aime façonner diverses matières à l’aide de ses mains ou de techniques primitives. Pour lui, la production de masse ne sert qu’à fabriquer des objets sans âme (ce n’est pas pour rien qu’il a baptisé sa série de vases ‘Core’, soit cœur, noyau, essence). Il conçoit et réalise lui-même chaque exemplaire – unique, donc – dans son atelier d’Eindhoven, puisant son inspiration dans les formes africaines anciennes.

Il a ainsi imaginé une manière de « construire » à partir de l’argile, qui donne cette forme plate, presque bidimensionnelle. Van Hooff travaille à plat, modelant à la main les deux faces du vase, puis les superposant à l’aide de renforts, petits « murets » d’argile qu’il applique sur le côté intérieur d’une des faces. Il positionne ces murets de façon à ce que l’eau que l’on versera dans le vase se retrouve uniquement dans la partie centrale, le ‘core’, permettant ainsi au vase de rester bien stable. Une fois la forme souhaitée obtenue, le vase modelé est placé pendant quelques jours dans une armoire de séchage afin d’évacuer l’excès d’humidité de l’argile. Vient ensuite une première cuisson, après laquelle van Hooff applique une couche de glaçure, suivie par une seconde cuisson. Si nécessaire, il retravaille la forme lors de l’application de la glaçure. En céramique, l’attente est essentielle : entre le séchage, la glaçure et les deux cuissons, il s’écoule chaque fois plusieurs jours, car ce vase a besoin de temps pour se solidifier. Mais après trois semaines, la patience est récompensée. Et le résultat toujours unique.

Vase de la série ‘Core’, 528 € – découvrez la vidéo à télécharger via « Info », puis « Presskit » sur son site. willemvhooff.com

# Tie & Tape signé Wiesi Will

150 heures

Après d’intenses recherches préliminaires, Laure Van Brempt, du studio belge de création textile Wiesi Will, a eu besoin d’investir pas moins de 150 heures de travail pour développer le prototype de ce tapis. Soit beaucoup trop pour être commercialement viable. Elle étudie donc actuellement quelle(s) phase(s) du processus de fabrication pourraient être gérées de façon industrielle sans nuire à l’aspect artisanal de ce ‘Tie & Tape’. Mais commençons par le commencement : des fils de laine pour tapis. Des fils que Laure teinte selon la technique du tie & dye, en veillant à ce que la couleur forme régulièrement des « taches » – ce qui demande quelques bons calculs. Une fois séchés – on est déjà trois jours plus tard –, les fils sont tissés en lanières. Un petit travail qui demande… une centaine d’heures (!). Ces lanières sont ensuite entrelacées afin de former la surface du tapis. Pour ce qui est des couleurs, Laure a déjà trouvé un partenaire (Superdy, toute jeune entreprise textile belge). Reste encore à trouver un spécialiste du tissage pour les lanières…

Tapis ‘Tie & Tape’, prototype, sera produit en 2 formats (169 x 233 cm – 233 x 305 cm) – illustré aussi ici, un coussin adoptant la même technique, le tout distribué par Omarcity, omarcity.world – Découvrez en photos le processus de fabrication de ce tapis sur le site : wiesiwill.com

Découvrez l’article intégral du 02/2021

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Sélection, stylisme et photos Kaatje Verschoren Concept et texte Emmy Toonen