Translation verticale
Une certaine vision de l’espace et de la lumière, une tranquillité minimaliste ainsi qu’un mode de vie tout en ouverture… Tout ce que Fabienne et Samuel voulaient trouver dans un loft s’est finalement réalisé dans une maison de rangée. Ou dans un loft vertical, si vous préférez.
Leur amour des lofts, Fabienne et Samuel avaient déjà pu l’éprouver dans leur ancien logement, du côté de Tour & Taxis à Laeken. “Les espaces ouverts, la lumière, et ce sentiment de communauté avec les autres habitants, cela cadrait tout à fait avec nous”, raconte Samuel. Puis, la question de l’achat est venue se poser au jeune couple. Après un peu de recherche, ils craquent pour un appartement (un loft, donc) et, bien que plusieurs proches leur déconseillent, s’apprêtent à l’acquérir. Puis soudain, ils reçoivent un appel de Michel Arnoldussen, le père de Samuel. Ce dernier est architecte, et vient de repérer un terrain en vente à Berchem-Saint-Agathe. “Cela ne vous dirait pas de bâtir, finalement ? On pourrait faire un loft vertical !”
Incertitudes et certitudes
Au départ, un flou règne sur le projet. “Il était impossible, au moment de l’achat, d’être tout à fait certain de la largeur de la parcelle. Entre les actes et le cadastre, les données ne correspondaient pas”, se souvient l’architecte. Or entre une largeur de 5 m et une de 3,5 m, les possibilités n’étaient bien sûr pas du tout les mêmes ! Heureusement, c’est bel et bien de 5 mètres dont ils disposent : une largeur certes normale pour Bruxelles, mais tout juste suffisante pour l’esprit aéré souhaité. La maximisation de l’espace sera donc un des fils rouges du projet. Le volume maximum autorisé par l’urbanisme a été exploité et, à l’intérieur, chaque mètre carré et chaque recoin ont été utilisés. Cela donne aujourd’hui cet ample triplex lumineux de quelque 190 m2 habitables doté d’une foule de rangements. Au rez-de-chaussée, on trouve un garage ainsi qu’un studio de 50 m2 , mis en location. Surtout, on se retrouve avec des habitants heureux du résultat, et un architecte ravi d’avoir pu les assister dans ce processus. “Cela correspond vraiment à nos attentes”, estime Fabienne. “J’aurais envie de dire que nous ne savions pas exactement ce que nous voulions, mais nous savions précisément ce que nous ne voulions pas. Ce qui n’est pas la même chose. Pour nous, des pièces cloisonnées, une cage d’escalier fermée, trop de meubles, tout cela était exclu.”
Difficile simplicité
Pour susciter l’ambiance et l’atmosphère spacieuse d’un loft, Michel Arnoldussen et son atelier d’architecture A4 veillent à rendre imperceptibles tous les éléments porteurs. Ceux-ci sont ainsi confinés aux murs mitoyens de sorte à créer des perspectives claires à l’intérieur. Parvenir à l’épure désirée par Samuel et Fabienne demande aussi une géométrie précise, tant dans le dessin que dans l’exécution. “On sous-estime souvent combien il est compliqué d’arriver à une apparence de simplicité. Car tout doit coller au centimètre près et les finitions doivent être parfaites.” L’exercice est d’autant plus complexe ici que l’architecte se met à coordonner les corps de métier… ainsi que son fils et sa belle-fille, qui, désireux de profiter au maximum de
leur budget, ont réalisé une bonne partie des travaux eux-mêmes. “Cela nous a permis de pouvoir investir dans des matériaux qui nous plaisaient vraiment”, précise Samuel. Il est vrai que tout ici a été choisi et décidé dans les moindres détails. “Je me dis que par rapport à une maison qui aurait été rénovée, ici, nous savons avec quoi elle est faite, du sol au plafond”, continue-t-il.
Gamme de Plaisirs
Un escalier métallique suspendu (posé à l’intérieur directement par une grue !), des châssis le plus foncé possible, une table de cuisine plan de travail en chêne de 6 mètres de long, des rangements à tire-larigot, une baignoire en îlot donnant sur le jardin, du chauffage par le sol sous le béton poli, le tout complété de mobilier et d’accessoires trouvés dans diverses boutiques de Bruxelles et d’ailleurs, le couple est parvenu à se faire plaisir pleinement. Notamment avec l’aide de leur menuiser, jamais à court de bonnes idées (comme intégrer la ventilation double flux dans le mobilier). De quoi accueillir joyeusement le bébé qui s’annonce pour la rentrée ! Quant au sentiment de communauté de l’ancien ensemble de lofts, il est plus que compensé par le côté petit village de Berchem. “Nous avons lancé la fête des voisins dans notre rue, et on voit que les gens sont demandeurs”, commente Samuel. Une maison loft dans un village urbain, quoi de plus normal en somme ?
Source: Gael Maison 2016 | Photos Laurent Brandajs | Texte Jean-Michel Leclercq