Un appartement aux accents ludiques

Quand une éternelle voyageuse demande à son architecte de fils de concevoir pour elle un nouvel appartement, cela donne lieu pétri d’affection qui donne envie de se poser en ville pour un bon bout de temps.

Transparence

Aménager un appartement pour sa propre mère, ce n’est pas une mince affaire. Surtout quand le père, son époux, est décédé quelques années auparavant et qu’elle désire quitter la grande maison familiale pour s’installer en ville. C’est non sans une certaine appréhension que Wim Van der Vurst, fondateur du bureau anversois i.s.m.architecten, a relevé le défi. “C’était un challenge, bien sûr. Car chaque décision pouvait forcément revêtir un caractère très personnel,” explique-t-il. “Vivre seule du jour au lendemain n’a rien d’une évidence. Surtout quand on passe d’une grande maison avec jardin à un appartement de ville. Cela nous a poussés davantage encore à tout faire pour créer une atmosphère chaleureuse, intimiste. Faire en sorte que le passage d’une pièce à une autre soit le plus fluide possible était une manière d’y parvenir. Nous voulions une sensation d’ouverture pour créer une sorte d’invitation permanente. De là vient aussi l’idée des murs en verre et semi-transparents. Nous avons aussi placé ici et là des portes coulissantes, de sorte à pouvoir aménager des zones plus intimes sans pour autant refermer l’espace.”

Une chambre et plus…

Dans le même esprit d’ouverture, Wim est assez fier de la bibliothèque blanche en tôle perforée qu’il a dessinée. Celle-ci pivote comme une porte autour d’un large pilier filant du sol au plafond. L’idée première était de créer une paroi de séparation entre l’espace bureau et la partie chambre d’amis. Mais elle permet aussi de cloisonner le salon. “Mon appartement ne compte qu’une chambre”, précise Lieve, la maîtresse des lieux. “Mais je tenais absolument à pouvoir loger l’un de mes quatre enfants ou l’un de mes dix petits-enfants à l’occasion.” La cuisine aussi a été pensée selon une approche ultra pratique. “Je n’avais jamais eu de cuisine ouverte auparavant et je dois dire que je suis conquise. Quand j’ai des invités, je n’ai plus à m’isoler et peux continuer à leur parler tout en terminant les préparatifs. Je suis fan de l’abondance de rangements et du plan de travail ultra fin en inox. Cerise sur le gâteau : tout se nettoie en un clin d’oeil.”

Néominimalisme

“Notre style est souvent décrit comme minimaliste, mais ce terme ne nous plaît pas trop” explique Wim Van der Vurst. “C’est vrai que nous aimons partir d’éléments basiques et d’une palette assez neutre. Mais nous intégrons toujours des accents ludiques ou plus surprenants, notamment au niveau des couleurs. Ici, les touches jaune vif, rose ou vert menthe ajoutent un peu de gaieté à l’ensemble. Un intérieur ne doit pas être trop sérieux.” La majorité des espaces de rangement sont encastrés. Le reste du mobilier vient de l’ancienne maison de Lieve. Dans la vitrine, elle a exposé quelques souvenirs. “Mon mari était ingénieur. Son travail l’a amené à se déplacer beaucoup. Mes enfants et moi l’avons suivi de l’Irak à la Tunisie en passant par Paris ou l’Afrique du Sud. Les objets dans la vitrine sont tous autant de souvenirs des lieux où nous avons vécu.”

Le calme en ville

“Notre maison était trop grande pour moi seule. Il y avait des pièces où je n’allais jamais. C’est tout le contraire d’ici. Même mon jardin ne me manque pas, car j’ai cette terrasse qui est parfaitement orientée. Les platanes bordant la Dyle m’apportent la petite dose de nature dont j’ai besoin. En revanche, je redécouvre les avantages de la ville: être près des magasins, de la culture et des transports en commun. Et tout ça, dans la tranquillité la plus parfaite. Le chemin qui longe la rivière, juste en bas de chez moi, est un petit paradis pour les cyclistes et les promeneurs. Et désormais, c’est aussi le mien.”

Source Gael Maison avril 2016 | Photos Dorien Ceulemans | Texte Leen Creve