Une étroite maison blanche au port d’Anvers
Au cœur du décor portuaire anversois, cette maison blanche filiforme attire superbement l’attention. Le jeu géométrique déployé en façade et les volées d’escalier qui surgissent pour mieux disparaître sont un avant-goût de l’esprit qui s’exprime à l’intérieur.
Ex-ruine
Si jamais vous allez sur la terrasse de Sophie et Hansi, un beau spectacle urbain et portuaire s’offrira à vous. Au-delà de l’Escaut, émergent, à travers les tours d’habitation, l’iconique tour rougeoyante du MAS (le musée ethnographique et maritime), le promontoire façon paquebot du Red Star Line Museum (musée dédié à la migration outre-atlantique) et – au loin – le nouveau centre portuaire signé Zaha Hadid, toujours en construction. Nous sommes sur l’Eilandje, au nord d’Anvers. Les coups de marteau et les bruits de chantier résonnent tout au long de la journée dans le quartier. “En 2009, quand nous avons racheté la ruine qui gisait ici, la mutation avait à peine débuté”, se souvient Hansi Ombregt. “Le chantier du MAS en était à ses balbutiements.” Depuis, le musée attire les visiteurs et les restaurants se multiplient dans les rues tout autour. Les anciens entrepôts se muent en blocs d’appartements. Au beau milieu de ce décor en pleine mutation, l’ancienne ruine achetée par Hansi et Sophie a fait place à une maison blanche et filiforme à la structure surprenante.
Bel-étage ultramoderne
Hansi a pris le temps de mûrir ses plans. “Tant de possibilités s’offrent à vous quand il s’agit d’une nouvelle construction. Un architecte en vient naturellement à exiger le meilleur de lui-même.” Mais il faut aussi jouer avec de nombreuses et complexes règles urbanistiques. “C’est normal dans ce genre d’environnement. La ville tient à contrôler la situation. Le problème était que ces règles avaient surtout été pensées pour des immeubles à appartements.” Sophie et Hansi préféraient éviter d’avoir des pièces de vie au niveau de la rue. Le couple voulait aussi un garage et un jardin. Hansi a alors imaginé une structure suspendue, où la maison surplombe un carport se prolongeant en jardin. Et l’urbanisme a fini par accepter cette version ultramoderne de la maison bel-étage.
Jeu de demi-niveaux
Grâce à un large vitrage, Sophie et Hansi jouissent depuis leur cuisine – lovée juste au-dessus du carport – d’un contact visuel optimal avec la rue. La façade surjoue l’esthétique bel-étage avec une porte d’entrée semblant se dresser sur deux niveaux. Sur cette parcelle étroite, chaque niveau n’offre tout au plus qu’une surface de 45 m2. “Mais en ouvrant au maximum chaque plateau, nous sommes parvenus à créer une belle sensation d’espace. Ayant toujours vécu dans des appartements, où toutes les fonctions étaient réunies sur un même niveau, nous voulions maintenir une forme de contact entre les différentes zones. Pour ce faire, j’ai travaillé avec plusieurs demi-niveaux.” Cela se voit notamment du côté du séjour, de la cuisine et de la salle à manger. Pour le reste, la structure de la maison est assez simple, avec des plateaux de béton posés entre les deux murs mitoyens. Toutes les cloisons internes sont des cloisons légères (plâtre) afin de permettre une certaine flexibilité dans le futur. Quant aux volées d’escalier en acier laqué blanc, elle renforcent l’impression de légèreté, tout en libérant un maximum d’espace au sol.
Fan des fifties
Hansi et Sophie sont fous d’archi et de design. Et ils sont des inconditionnels de Charles et Ray Eames. Leur mobilier alterne l’ancien et l’actuel. A l’exception de la cuisine, le couple a également imaginé tout ce qui est mobilier intégré. Hansi a pour cela travaillé avec des modules standard. “Un architecte a toujours cet avantage de pouvoir tout adapter”, s’amuse-t-il. Une longue table en bois façon cloître crée un ancrage chaleureux dans la salle à manger. Et les touches de couleur sont judicieusement dispersées dans la blancheur de l’espace: un frigo rouge, des tabourets métalliques ou le tapis aux triangles arlequins dans le coin salon. Tout en haut de la maison, une pièce fait office de bureau et de salon télé. Idéal pour se détendre tout en jetant un œil sur les toits de la ville. De là, vous pouvez également accéder à deux terrasses et revenir au panorama que nous vous décrivions en début d’article. Une porte vers le monde.
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Source: Gael Maison octobre/novembre 2015 | Photos Luc Roymans | Texte Karin De Ridder