Une maison basse énergie avec annexe passive

Au cœur des Ardennes, un couple d’architectes a adjoint une annexe passive à sa maison basse énergie. Dedans comme dehors, Ariane et Christophe ont laissé parler le béton et, surtout, le bois. Expérimentant un beau décor en panneaux de construction.

Montrer ce qu’on cache

Ariane Caudron et Christophe Dozo (ACDC, selon leurs initiales…) aiment voir et montrer de quoi est fait un bâtiment. Une forme de franchise et de sincérité de l’architecture. Chez eux, béton et bois créent le décor. En harmonie avec la forêt ardennaise au dehors. “L’architecture consiste à enfermer dans une boîte un peu d’espace qui existait auparavant. Saisir le potentiel d’un lieu et le faire revivre à l’intérieur”, estime Christophe. En été, leur maison est lovée dans un cocon feuillu. En hiver, les arbres se dénudent et laissent apparaître l’Amblève en contrebas.

Annexe passive

“Ça fait quarante ans que je viens ici. C’est le territoire de vacances de mon enfance”, raconte Christophe. Nous sommes dans un quartier bâti dans les années 1970 et peuplé de chalets. Celui d’à côté appartenait  à son grand-père. “Il s’agissait de résidences secondaires, qui avaient été achetées par des quarantenaires. Ceux-ci sont à présent des retraités et vivent ici à titre principal.”  Voici dix ans, Christophe et son ex-épouse ont racheté un bout de parcelle à son aïeul. Leur maison était quasi finie quand le couple s’est séparé. Christophe a ensuite repris le projet. Puis il a rencontré Ariane. “Je ne suis intervenue qu’au niveau des finitions”, précise-t-elle. “Par la suite, nos besoins ont évolué. Nous avons eu un, puis deux, trois enfants. Nous travaillions au Luxembourg, puis sommes revenus ici. Notre bureau a engagé des collaborateurs.” Le besoin d’un nouvel espace professionnel et d’une chambre supplémentaire donne lieu à un projet d’annexe passive. “La maison correspondait aux normes basse énergie d’il y a dix ans. Mais étant spécialisée dans les questions énergétiques, je trouvais bien de pousser la démarche plus loin”, commente Ariane.

Flexibilité et simplicité

Ariane et Christophe aiment se projeter dans l’avenir. L’annexe – qui accueille à présent bureau et suite parentale – a été pensée comme une unité séparée, pouvant être utilisée plus tard comme une maison autonome. Composé de cloisons légères, l’intérieur de la maison se veut flexible également. La configuration des pièces pourrait aisément être changée. Le sol coulé en béton lissé maintient l’unité. “Habiter compact fait aussi partie de la durabilité”, souligne Ariane. “La maison n’est pas grande, mais l’abondance de rangements a permis de préserver une sensation d’espace.” Ainsi, grâce au grand dressing aménagé dans le couloir, les chambres des enfants se contentent de 9 m2 pour accueillir un lit et un bureau. Pleinement suffisant! La même astuce vaut au séjour. Tout le petit électro (grille-pain, chauffe-biberon…) est branché dans l’arrière-cuisine. La cuisine en elle-même reste donc toujours propre et dégagée. “Nos amis nous demandent à chaque fois comment nous faisons avec trois enfants en bas âge!” De fait, la cuisine se présente comme une simple suite d’armoires basses. Rien ne vient gêner le mur peint en bleu donnant son âme au séjour. Dans le salon, c’est pareil. Des caissons dissimulent tous les jouets. L’espace est nu, permettant d’apprécier la nature environnante, le feu dans le poêle à bois et les quelques pièces de design choisies par le couple. Notons aussi les incises lumineuses et les tubes lumineux au-dessus des armoires. “Nous préférons  jouer avec la lumière indirecte. En termes d’ambiance, le résultat est bien meilleur.”

Structure et finition en un seul matériau

La rédaction a eu un petit faible pour l’atmosphère boisée de l’annexe. Petite prouesse technique (le chantier a duré deux mois top chrono!), celle-ci est une innovation aussi esthétique qu’audacieuse. Ariane et Christophe ont en effet décidé d’utiliser les panneaux de bois contrecollé comme matériaux de structure et de finition. Bref, une même planche sert à la fois d’élément structurel, de parquet et de plafond! “C’est un matériau industriel, à propos duquel même le fournisseur nous a fait part de ses doutes”, explique Ariane. “Mais un coup de ponceuse et le tour était joué!” Il en résulte une atmosphère lumineuse et apaisée. Avec tout le confort de la construction passive en bois. “J’avoue”, reprend Christophe, “qu’il peut faire chaud en été. Mais le reste de l’année, pour moi, le gain en qualité de vie est incroyable. Je ne comprends pas ce blocage culturel qui fait qu’on préfère encore la brique au bois. J’appelle ça le syndrome des trois petits cochons. Comme dans le conte, beaucoup croient – à tort – que le bois n’est pas résistant.” Comme pour donner raison au couple, le bardage extérieur en mélèze noircit lentement. Evoquant peu à peu l’aspect des chalets alpins, souvent plusieurs fois centenaires

Vous trouvez plus d’infos sur les architectes ici.

Source: Gael Maison décembre/janvier 2015/16 | Texte Jean-Michel Leclercq | Photos Laurent Brandajs | Stylisme Nathalie Horion