Vivre au bord de l’eau
Le bassin du Rhin inférieur forme le jardin chatoyant de cette maison flottante contemporaine arrimée à deux pas du centre-ville d’Arnhem. A l’intérieur, tout s’accorde aussi bien au paysage qu’au mode de vie des habitants.

“Qui a goûté au goût de l’eau ne peut s’en passer”, clament les heureux habitants de cette maison flottant au beau milieu de la verdure, à une encablure du centre-ville d’Arnhem, aux Pays-Bas. Quand leur ancienne arche a vu son heure sonner, le couple s’est tourné vers les architectes du bureau H2A pour réfléchir avec eux à celle qui viendrait la remplacer, arrimée exactement au même endroit. La nouvelle maison flottante se devait d’offrir une surface habitable maximale, de respecter les vis-à-vis avec les voisins et surtout de maximaliser les vues vers l’extérieur, particulièrement vers l’eau. Cela a donné cette structure de 140 m2 sur deux étages. Une fois celle-ci esquissée, les habitants ont fait appel à un duo d’architectes d’intérieur pour lui conférer sa forme définitive : Erik Lucas et Fiona Kock, de l’agence Quub Interior Concepts.

Total concept ?
Quub Interior revendique sans rougir son approche total concept : “Trop de gens pensent que concevoir un nouvel intérieur se résume à poser des meubles iconiques, accompagnés ci et là de touches de couleur fraîches. C’est bien sûr totalement faux. En réalité, il en va de la déco comme de la cuisine : il ne suffit pas d’additionner les bons ingrédients pour obtenir un plat intéressant. En discutant avec nos clients, nous cherchons l’équilibre entre l’aspect émotionnel et le côté fonctionnel. Les espaces
sont-ils suffisamment pratiques et ergonomiques ? S’enchaînent-ils de manière claire et évidente ? Y a-t-il assez de points d’ancrage pour que les habitants se sentent vraiment chez eux ? Telles sont les questions que l’on se pose.” Dans ce cas-ci, la démarche a pu aller plus loin encore car les deux architectes d’intérieur ont pu travailler en étroite collaboration avec les architectes, jusqu’à modifier certains éléments structurels, telle cette fenêtre ajoutée sur le flanc ouest de la maison. De concert, les deux bureaux ont travaillé sur un plan brut reprenant toutes les activités : dormir, cuisiner, manger, travailler, se laver, etc. Erik et Fiona l’ont ensuite passé à la loupe avec les futurs habitants afin de voir à quel point ils pourraient s’y projeter. “Quelles activités menez-vous et à quel moment de la journée ? La façon dont la lumière évolue au fil des saisons aura-t-elle un impact ? Se poser ce genre de questions apporte une vraie plus-value à un projet. Le choix des matériaux et des couleurs compte évidemment également, mais il vaut mieux ne l’aborder que lorsque l’aspect fonctionnel de chaque pièce a été pleinement analysé.”

Accordages
Si les architectes de H2A ont entièrement dessiné la coque extérieure de la maison, les couleurs et matériaux ont été déterminés avec les architectes d’intérieur. “Nous avons ainsi eu la chance de nous accorder l’un à l’autre”, reprend Erik Lukas. “Les nuances de beiges et de bruns de la nature environnante sont venues jouer un rôle à l’intérieur. C’est un gage de fluidité : plutôt que de chercher les contrastes, il faut viser les dénominateurs communs. Une pièce paraîtra toujours plus grande lorsque ses couleurs reflètent celles de l’extérieur.” Le côté dur du verre ou du sol coulé est adouci par les plafonds en bois et le souci accordé aux questions acoustiques. Le long mur du salon est ainsi entièrement couvert d’un textile atténuateur de bruits. “Ces parois innovantes sont particulièrement efficaces. Qui plus est, leurs motifs ondulés sont un joli clin d’œil aux mouvements de l’eau.” Pour répondre aux désirs des habitants, qui souhaitaient un intérieur à la fois actuel et intemporel, Erik et Fiona ont eu recours au slow design des frères Bouroullec et au mobilier en bois du fabricant néerlandais Arco. “Opter pour des produits locaux est toujours un gage d’authenticité”, commente Erik.

Unis par le vent
Un système de pompe à chaleur connecté à l’eau du fleuve, une isolation optimale (complétée d’une toiture végétale) rend la maison pratiquement autonome en énergie. La domotique a été largement utilisée… mais autant que possible soustraite aux regards. Sur l’eau, les saisons s’éprouvent beaucoup plus intensément que sur la terre ferme. Les vitrages abondants satisfont le souhait des habitants de jouir d’un rapport optimal avec l’extérieur. Dès qu’il fait beau, ils s’ouvrent largement. Le mobilier peut déménager de quelques pas vers l’extérieur… et le vent vient alors parfaire l’union entre le dedans et le dehors. quub.nl – h2a.studio
Source: Gael Maison 3/2022 – Texte Jack Meijers. Photos Alexander van Berge.